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2019

Entretien pour "Rivière sans retour" à la galerie Interface, Dijon

Prises de note et rédaction : Océane Penneroux-Pierre & Bérénice Fortier

Rédaction : Océane Penneroux-Pierre

L’œuvre de Jordan Popovitch présente un cheminement spécifique afin d’établir une transition entre une œuvre aux motifs plus ou moins définis vers une œuvre plus abstraite, dans le but de masquer ces motifs initiaux. À l’origine, un dessin en noir est établi au fusain. Par diverses ajouts effectués par l’artiste, tels que des gestes spasmodiques, des superpositions et autres interventions au doigt en employant de la peinture acrylique, le motif est peu à peu dissimulé afin d’obtenir une finalité totalement abstraite. Le geste, fondamental dans l’intention de Jordan Popovitch, apporte à son œuvre un caractère vivant et dynamique. Il s’inspire d’artistes américains tels que Robert Motherwell, Philip Guston, ou bien encore Cy Twombly.

2018

Jordan Popovitch

Je traite de la question de l’isolement et de l’autotélisme, ce qui se réfère à soi-même, et les mécanismes de défense et angoisses sociales dont cela témoigne. La peinture a toujours été de connivence avec la solitude, mais pour enrichir justement la vie sociale, et la créativité rigoureuse que la vie sociale requiert. Je fais se croiser pratiques de peintures abstraites improvisées et fertiles, dessins figuratifs « crétins », et la question du retrait. La re-création répétitive et sans fin d’une même petite peinture tend à représenter, par cette contrainte, et ses couleurs inachevées, le besoin d’immutabilité en chacun de nous. Les dessins crétins m’évoquant les moments beaux déguisés en moments sales, dans un amusement décontracté et juvénile. Comment l’enfantin résout-il ? En faisant disjoncter la frontière entre lourdeur et légèreté ?

Mémoire: Solitude et partage d’une retraite infantile
dirigé par Pierre Guislain, docteur en philosophie.

Le mémoire est un livre composé de deux parties: en premier lieu, je confronte des textes personnels face à des textes de Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau. Adopter une attitude autistique, pour s’enlacer soi-même dans une contemplation purement esthétique délivrée de la douleur, à travers des cultures numériques qui se réfèrent à elles-mêmes, le tout digéré dans des promenades champêtres. La deuxième partie confronte un poème de Friedrich Nietzsche, Des trois métamorphoses, avec sept œuvres de sept artistes différents (Kitano-Motherwell-Magritte-Forman-Twombly-Parreno-Guston). Comment expérimenter un éloignement de la raison, par l’oubli, mais pour privilégier la vie sociale ?

2016

Florian Gaité

Chercheur en philosophie, enseignant, critique

C'est un moment de travail qui traduit des rapports humains par des rapports d’espace. La pression, l’oppression, la persécution, l’écrasement, la domination, la perturbation sont autant de relations formelles par lesquelles il représente des interactions sociales, les liens entre les individus et les groupes. Pour autant, il ne dessine aucune figure, ses peintures s’inscrivent dans le registre de l’expressionisme abstrait, devant beaucoup à celles de Robert Motherwell et d’Otto Freundlich, ou aux travaux de Sam Francis et d’Arnulf Rainer à leurs débuts. Elles traduisent des choix précis de gestes, protocolaires, à partir desquels il déploie, sur papier ou sur toile, des masses de différentes tailles, aux tons variés, entre lesquels se dessinent des rapports plus ou moins réguliers. 

 

Ses recherches picturales sont en corrélation directe avec le syndrome d’Asperger que l’on lui a diagnostiqué à 17 ans, et qui s’est manifesté tout au long de sa vie par des difficultés à s’insérer socialement, à décoder les codes de la société, à adopter ses langages. Ces problèmes ayant engendré une mise à l’écart et un isolement tenace, il a trouvé avec l’art une nouvelle forme d’expression. Son imaginaire et son vocabulaire plastique sont nourris de la littérature scientifique sur les neuro-atypiques et, plus particulièrement, sur l’autisme. Pour reprendre les mots d’Henry Rey-Flaud dans L’enfant qui s’est arrêté au seuil du langage, il conçois en effet son espace de travail comme un « espace de retrait », propice à une « bunkerisation subjective ». Ses peintures sont ainsi le reflet de cette tension constante entre une tendance à l’individualisme et une volonté de communiquer.

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